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Ebranl�e par les r�v�lations des paramilitaires, la Colombie met au jour ses charniers
LE MONDE | 28.04.07 | 14h42 � Mis � jour le 28.04.07 | 14h42

Un charnier avec les ossements de 57 victimes des groupes paramilitaires a �t� mis au jour dans le d�partement du Meta. "Les promoteurs des paramilitaires n'ont pas pay� pour avoir de la protection, mais du sang", a lanc� le procureur g�n�ral Mario Iguaran, jeudi 26 avril, �mu face aux restes de deux adolescents.

La Colombie s'efforce de faire toute la lumi�re sur les atrocit�s commises par ces milices d'extr�me droite, form�es dans les ann�es 1990 pour lutter contre la gu�rilla d'extr�me gauche, et d�mobilis�es depuis 2006. Les services du procureur ont d�j� exhum� 533 ossements. Plus de 3 700 charniers ont �t� signal�s par des proches des victimes ou par des paramilitaires d�mobilis�s, voulant b�n�ficier de la loi "justice et paix", qui pr�voit une peine maximum de huit ans. L'enqu�te en cours concerne 10 000 morts. Beaucoup ont �t� d�membr�s � la machette.


LA BATAILLE DE LA M�MOIRE


"Les paramilitaires cherchent � effacer la m�moire, affirme Eduardo Pizarro, pr�sident de la Commission nationale de r�paration et r�conciliation. Voil� pourquoi il faut d�terrer les victimes et remettre leurs restes � leurs familles." Apr�s avoir d�nonc� les liens des proches du pr�sident Alvaro Uribe (droite) avec les paramilitaires, le s�nateur de gauche Gustavo Petro a fait l'objet de menaces de mort. A Medellin, une dirigeante communautaire, Judith Vergara, a �t� assassin�e lundi 23 avril. "Les paramilitaires nous accusaient de donner des informations � Amnesty International", a rapport� son ONG.

M. Uribe est troubl� par les r�percussions aux Etats-Unis du scandale de la "parapolitique", c'est-�-dire des liens entre paramilitaires et parlementaires de la majorit� pr�sidentielle. Le Congr�s am�ricain bloque une partie de l'aide pr�vue dans le cadre du Plan Colombie, destin� � lutter contre le trafic de drogue. Maria McFarland, de Human Rights Watch, a expliqu� au Congr�s que la Colombie "fait face � la pire crise humanitaire et des droits de l'homme de l'h�misph�re".

Pour �viter de se trouver en pr�sence de M. Uribe, l'ancien vice-pr�sident d�mocrate am�ricain Al Gore a annul� sa participation � un forum � Miami. Le vice-pr�sident colombien Francisco Santos y a vu "un affront non seulement pour le pr�sident Uribe, mais aussi pour la Colombie". Le s�nateur Petro estime que "pour r�gler le probl�me sur le plan international, le pr�sident doit cesser de s'entourer d'amis des paramilitaires au gouvernement et au Congr�s". M. Uribe doit se rendre � Washington le 2 mai, pour d�fendre la ratification du trait� de libre-�change entre les deux pays.

Alors que les hommes d'affaires colombiens se portent au secours du chef de l'Etat, plusieurs anciens chefs des paramilitaires, dont Salvatore Mancuso, ont accueilli favorablement la proposition du s�nateur Petro d'un "grand accord national pour la v�rit�". M. Mancuso a remis � la justice six propri�t�s rurales, un restaurant et une entreprise, �valu�s � 4 millions d'euros, pour �tre revers�s au fonds national de r�paration des victimes.

"Si le pacte national pour la v�rit� de Petro marche, nous voulons conna�tre la face cach�e de la lune : les liens entre les hommes politiques de gauche avec la gu�rilla, souligne M. Pizarro. La m�moire est un champ de bataille. Les Colombiens sont avides de conna�tre la v�rit� judiciaire et historique sur la violence, de droite comme de gauche, subie par le pays depuis quatre d�cennies."

Paulo A. Paranagua