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Colombie : la banane Chiquita s'est pay� les paras

La firme am�ricaine a vers� plus de 1,7 million de dollars aux paramilitaires d'extr�me droite.
Par Michel TAILLE

QUOTIDIEN : vendredi 16 mars 2007 - LIBERATION
Bogot� de notre correspondant

La multinationale am�ricaine de la banane Chiquita a bien financ� durant des ann�es des groupes paramilitaires d'extr�me droite, � travers une filiale colombienne. Selon l'enqu�te de la justice am�ricaine, l'entreprise a vers� � partir de 1997 plus de 1,7 million de dollars � ces escadrons antigu�rilla. Ces versements �avaient toujours �t� motiv�s par notre souci pour la s�curit� de nos employ�s�, se d�fend le PDG de l'entreprise, Fernando Aguirre, dans un communiqu� publi� mercredi. L'accord n�goci� avec le d�partement de la Justice de Washington, qui pr�voit le paiement d'une amende de 25 millions de dollars, doit encore �tre ent�rin� par un tribunal. Mais il vient confirmer de vieux soup�ons contre les producteurs de bananes install�s en Colombie.

Plusieurs d'entre eux avaient d�j� �t� accus�s � la fin des ann�es 80 de recruter des mercenaires pour former les premi�res milices antigu�rilla. Les groupes marxistes des Forces arm�es r�volutionnaires de Colombie (Farc) ou de l'Arm�e de lib�ration nationale (ELN) contr�laient alors les zones de culture de banane et imposaient leur racket : la filiale de Chiquita elle-m�me, affirment les juges am�ricains, a d� payer entre 1989 et 1997.

Apr�s une dispute sanglante, qui s'est sold�e par la mort de milliers de civils, les paramilitaires ont expuls� la gu�rilla des bananeraies, avec l'appui des entreprises. Une enqu�te de l'Organisation des Etats am�ricains a montr� qu'une cargaison de 3 000 fusils d'assaut destin�s aux milices a �t� d�barqu�e en novembre 2001 sur les quais priv�s de Banadex, � l'�poque filiale de Chiquita � dont elle s'est finalement d�faite en 2004.

A sa maigre d�charge, Chiquita n'est pas la seule multinationale accus�e de collusion avec les milices. Coca-Cola est toujours soup�onn�e par des syndicalistes d'avoir favoris� l'assassinat de militants de sa filiale colombienne. L'entreprise mini�re Drummond devra r�pondre en mai du meurtre de trois autres syndicalistes, dans le nord-est du pays. Ce n'est qu'un �l�ment de plus dans le scandale des complicit�s tous azimuts dont ont b�n�fici� les milices d'extr�me droite au sein du pouvoir politique et �conomique : neuf parlementaires en exercice ont �t� r�cemment inculp�s pour complicit�.

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vendredi 16 mars 2007, 23h28
Financement des paramilitaires par Chiquita: la Colombie r�clame des comptes aux Etats-Unis

BOGOTA (AP) - Des responsables politiques d'opposition ainsi que le Parquet de Colombie comptaient vendredi r�clamer l'extradition des responsables du g�ant am�ricain de l'agroalimentaire Chiquita, cette derni�re soci�t� ayant reconnu avoir financ� ill�galement les paramilitaires d'extr�me droite.

Chiquita, bas�e � Cincinnati et exportateur de bananes de Colombie, via sa filiale � 100% Banadex, avait r�gl� l'affaire avec le minist�re am�ricain de la Justice en acceptant mercredi de verser une amende de 25 millions de dollars (18,76 millions d'euros). L'entreprise a �galement reconnu que Banadex avait vers� 1,7 millions de dollars (1,35 millions d'euros) aux AUC, les forces d'autod�fense unies de Colombie, milice paramilitaire d'extr�me droite inscrite sur la liste am�ricaine des organisations terroristes.

Les AUC ont �t� responsables de certains des pires massacres de la guerre civile colombienne, �galement impliqu�es dans le trafic de drogue. Chiquita a �galement reconnu avoir financ� les deux mouvements de la gu�rilla de gauche colombienne, les FARC et l'ELN, se pr�sentant comme victime de la violence colombienne et prise au pi�ge des divers rackets de la guerre civile alors que les zones banani�res changeaient de mains.

Mais le Parquet colombien n'entendait pas en rester l�, et comptait vendredi demander des comptes � Washington.

Selon le minist�re am�ricain de la Justice, les versements de Chiquita aux paramilitaires �taient "confirm�s et approuv�s par de hauts responsables du groupe" entre 1997 et 2004. Mais le minist�re ne fournit pas les noms de ces responsables.

Jaime Bernal Cuellar, ancien procureur g�n�ral de Colombie, s'est lui joint � des �lus de l'opposition pour r�clamer l'extradition des personnes impliqu�es et l'ouverture imm�diate d'une enqu�te criminelle.

Les Colombiens veulent entre autres en savoir plus sur un bateau de Banadex qui en novembre 2001 aurait amen� du Nicaragua quelque 3.000 fusils et plus de 2,5 millions de balles destin�s aux AUC. Une affaire r�v�l�e en 2003 dans un rapport de l'Organisation des Etats am�ricains (OEA).

D'autres responsables politiques colombiens s'interrogent sur le r�le exact du gouvernement am�ricain dans l'affaire. Selon les documents de la justice am�ricaine, Chiquita a r�v�l� en avril 2003 que la soci�t� finan�ait les AUC. Les versements ont ensuite continu� dix mois alors que le minist�re �tait au courant. Les d�put�s d'opposition comptent bien enqu�ter sur d'autres multinationales qui seraient impliqu�es dans le financement des groupes arm�s.

Selon Chiquita, Banadex a �t� contrainte � ces versements "pour prot�ger la vie de ses employ�s" dans des r�gions en proie � la violence. Comme dans l'Etat d'Antioquia, o� les affaires de Chiquita �taient florissantes alors que les groupes arm�s s'emparaient des zones de plantations de bananes et s'y rendaient coupables d'assassinats de syndicalistes et militants des droits de l'homme.

Chiquita a vendu Banadex en juin 2004. AP