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Ingrid Betancourt pourrait �tre d�tenue hors de Colombie, selon Alvaro Uribe
LEMONDE.FR avec AFP | 21.02.07 | 20h01 � Mis � jour le 21.02.07 | 20h25
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Dans une interview parue dans Le Figaro et L'Express, mercredi 21 f�vrier, le pr�sident colombien Alvaro Uribe a longuement �voqu� le cas d'Ingrid Betancourt, d�tenue par les FARC depuis bient�t cinq ans, estimant qu'elle pourrait se trouver actuellement en dehors du territoire colombien.




"Il est tr�s important de savoir si Ingrid Betancourt se trouve en Colombie", a-t-il d�clar�. "Nous ne disposons que de rumeurs, pas de nouvelles v�rifi�es. Ces derni�res semaines, nous avons re�u des informations selon lesquelles elle se trouverait � l'�tranger", a-t-il ajout�, sans pr�ciser s'il pourrait s'agir de l'Equateur ou du Venezuela. Le pr�sident colombien a, par ailleurs, demand� au gouvernement fran�ais de soutenir son action contre les FARC. "Je ne comprends pas pourquoi un pays europ�en, qui soutient notre politique de paix, n'appuie pas notre politique de s�curit�", faisant valloir qu'une coop�ration fran�aise plus pouss�e au niveau technologique aiderait � "� localiser l'endroit o� se trouvent les otages".

LE QUAI D'ORSAY "PLUS QUE JAMAIS MOBILIS�"

Enlev�e par les FARC pendant sa campagne pr�sidentielle le 23 f�vrier 2002, Ingrid Betancourt n'a pas donn� signe de vie depuis quatre ans. Sa fille, M�lanie Delloye, a critiqu� les autorit�s fran�aises, mardi, estimant qu'elles n'avaient "pas utilis� tous les moyens qui �taient � sa disposition" en faveur de "la plus ancienne otage fran�aise retenue � l'�tranger". Philippe Douste-Blazy, qui suit "personnellement et directement cette affaire", selon un porte-parole, avait pr�vu de recevoir M�lanie Delloye jeudi soir. Toutefois, le comit� de soutien de Paris a affirm�, par le biais d'un communiqu�, qu'il ne se rendrait pas � ce rendez-vous, refusant "d'apporter la caution m�diatique � une op�ration purement communicationnelle".

Le minist�re des affaires �trang�res s'est d�fendu de toute inertie dans l'affaire, assurant qu'il est "plus que jamais" mobilis� pour obtenir sa lib�ration. Denis Simmoneau, porte-parole adjoint du Quai d'Orsay, a rappel� l'existence de r�unions "sur une base quasi hebdomadaire pour faire le point, pour exiger des avanc�es et pour rechercher des id�es nouvelles pour trouver une solution � ce cas douloureux". "Nous avons choisi une option qui est plut�t une option de partenaires europ�ens", a-t-il ajout�, en rappelant que le groupe constitu� par la France, la Suisse et l'Espagne avait r�cemment renouvel� leur appel � Bogota et la r�bellion des FARC afin d'�tablir une "zone de s�curit�" pour permettre un �change d'otages.

[Mana]

Interview d'Uribe dans Le Figaro

Uribe: "La France doit nous aider � localiser Betancourt"
Propos recueillis � Bogota par Fran�ois Hauter.
Publi� le 21 f�vrier 2007


LE FIGARO. � Le gouvernement de Bogota est confront� � la plus ancienne gu�rilla d�Am�rique latine. Y a-t-il une exception colombienne?

Alvaro URIBE. � En Am�rique latine, tous les mouvements insurrectionnels, ou presque, ont �t� vaincus par des r�gimes non d�mocratiques, qui violaient les droits de l�homme. Le cas de la Colombie est diff�rent. Nous combattons les Forces arm�es r�volutionnaires de Colombie (Farc) dans le cadre de nos institutions, de mani�re totalement transparente et en respectant la l�galit�. La Colombie n�est pas une dictature, mais une d�mocratie, o� les diff�rences peuvent s�exprimer devant les �lecteurs. Les Farc pr�tendent qu�elles participent � un �conflit arm�, mais je r�fute cette notion. Les Farc pratiquent le terrorisme, armes � la main. De plus, elles se financent gr�ce � l�argent de la drogue, qui leur assure une solidit� financi�re dont ne disposaient pas les autres mouvements r�volutionnaires latino-am�ricains. Enfin, la g�ographie constitue une sorte de circonstance aggravante. La Colombie poss�de un relief tr�s accident� et s��tend sur 1164000 km� � deux fois la France � dont la moiti� de jungle et de for�t. Ce ne sont pas les endroits pour se cacher qui manquent�

O� en est le projet d�accord humanitaire, qui devait permettre d��changer 58 �prisonniers politiques� aux mains des Farc contre 600 gu�rilleros d�tenus dans les prisons colombiennes?

Le premier obstacle, c�est que nos interlocuteurs sont hypocrites et pratiquent le mensonge, comme tous les terroristes. Voil� quelques jours, les Farc ont encore dup� une d�l�gation europ�enne, invit�e � se rendre en Colombie au motif que la gu�rilla �tait pr�te, soi-disant, � lib�rer un otage. Les �missaires sont arriv�s � Bogota� pour s�entendre dire qu�il s�agissait d�un malentendu. Quand sonne l�heure de la v�rit�, elles se d�faussent. Pour ma part, j�ai assoupli ma position initiale. Au d�but de mon mandat, en 2002, j�avais d�clar� que je refuserai de discuter d�un accord humanitaire si nous n�entamions pas, parall�lement, un processus de paix avec un arr�t des hostilit�s. Apr�s en avoir discut� avec Jacques Chirac, Kofi Annan, l��glise catholique et les familles d�otages, j�ai accept� de s�parer les deux aspects. Mais la capture de gu�rilleros nous a co�t� d��normes sacrifices. Plus de 1600 policiers et soldats ont �t� mutil�s par les mines antipersonnel des Farc, par exemple. Si j�ai la garantie que les gu�rilleros lib�r�s de prison ne reprendront pas aussit�t les armes, mais s�en iront en France, en Espagne, avec l�accord de ces pays, ou encore qu�ils int�greront, en Colombie, un de nos programmes de r�insertion � la vie civile, alors mon gouvernement est pr�t � les lib�rer.

Qu�attendez-vous de la France?

Qu�elle nous aide. Je ne comprends pas pourquoi un pays europ�en, qui soutient notre politique de paix, n�appuie pas notre politique de s�curit�. Les deux choses sont indissociables: la paix na�t de la s�curit�. Votre pays ne doit pas seulement se pr�occuper de l�accord humanitaire; il doit aussi nous aider � lib�rer les �otages!

Les soldats fran�ais devraient-ils participer � des op�rations militaires, aux c�t�s des militaires colombiens?

Je n�en demande pas tant. Puisque la France dispose d�une technologie avanc�e dans le domaine du renseignement, qu�elle nous aide � localiser l�endroit o� se trouvent les otages. Nous verrons alors comment organiser leur lib�ration. Il est tr�s important de savoir si Ingrid Betancourt se trouve en Colombie ou si elle a �t� emmen�e dans un pays �tranger. La France pourrait nous aider � v�rifier si elle a �t� conduite dans un autre pays.

En �quateur? Au Venezuela?

Je ne me r�f�re � aucun pays en particulier.

Ingrid Betancourt est-elle vivante?

Nous ne disposons que de rumeurs, pas de nouvelles v�rifi�es. Ces derni�res semaines, nous avons re�u des informations selon lesquelles elle se trouverait � l��tranger. Il est possible que les Farc l�aient exfiltr�e et qu�elle se trouve maintenant hors de la Colombie.

Les critiques �manant de la famille Betancourt et des comit�s de soutien vous agacent-elles?Non, car je respecte l�opinion publique. Mais voici ce que je veux dire aux secteurs de la soci�t� fran�aise qui me critiquent: ce n�est pas moi qui ai enlev� Ingrid Betancourt. Elle �tait d�j� otage lorsque j�ai pris mes fonctions en 2002. Tout au long de mon premier mandat, et cela continue depuis ma r��lection en 2006, nos efforts pour sauver les otages et diminuer le nombre de kidnappings ont �t� permanents. Il y a cinq ans, lorsque je suis devenu pr�sident de la R�publique, il y avait plus de 3 000 prises d�otages chaque ann�e en Colombie. L�ann�e derni�re, ce chiffre est tomb�, au total, � 687. Notre objectif est de vaincre le kidnapping. En tant que chef d��tat, je ne peux pas me permettre de prendre des d�cisions erron�es qui nuiraient � cette mission. Je sais de quoi je parle: mon p�re a �t� assassin� par les Farc et je fais partie des 50% de familles colombiennes qui ont eu � souffrir personnellement de la violence. Pour combattre ce fl�au, il ne faut pas se montrer faible avec les terroristes, mais au contraire les affronter avec toute la d�termination n�cessaire. C�est pourquoi nous allons continuer � chercher, tous les jours, soit un accord humanitaire raisonnable, soit la lib�ration par les moyens militaires.

Les Farc sont accus�es d�entretenir des relations suivies avec les organisations de base �bolivariennes� du pr�sident v�n�zu�lien, Hugo Chavez. Cela vous pr�occupe-t-il?

Le pr�sident Chavez m�a assur� en t�te-�-t�te qu�il n�admettait ni la pr�sence de la gu�rilla, ni celle des paramilitaires colombiens, sur son territoire. Quoi qu�il en soit, je voudrais rappeler que le �Libertador� Simon Bolivar �tait un grand penseur et un humaniste. Il suffit de le lire pour le savoir. Je ne crois pas que ceux qui, comme les Farc, tuent, enl�vent, d�truisent l��cologie, posent des mines et empoisonnent les nouvelles g�n�rations avec la coca, puissent r�ellement se r�clamer de Simon Bolivar.