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T�moignage de F. Araujo, ex-otage des FARC

 
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Mana



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Messages: 172

MessagePost� le: Jeu Jan 25, 2007 6:03 pm    Sujet du message: T�moignage de F. Araujo, ex-otage des FARC R�pondre en citant

Colombie : un otage s'est �vad�
LE MONDE | 23.01.07 | 16h06 � Mis � jour le 23.01.07 | 16h06

Et Monica ?", a demand� � l'un de ses fr�res l'ancien ministre Fernando Araujo, quelques instants avant de commencer, le 5 janvier, une conf�rence de presse � Carthag�ne, sur la c�te cara�be, en Colombie. Il �tait le h�ros. Il avait surv�cu d�ambulant pendant cinq jours sans eau ni nourriture dans une montagne inhospitali�re. Le 31 d�cembre, une attaque contre la gu�rilla des Forces arm�es r�volutionnaires de Colombie (FARC) lui a permis de fuir le campement o� il �tait retenu prisonnier. Il mettait fin ainsi � une captivit� de cauchemar de six ans, un mois et un jour. Deux semaines avaient pass� depuis qu'il avait recouvr� la libert�. Deux semaines de vertige : retrouvailles avec la famille, avec les amis, examens m�dicaux, des milliers d'appels, des entretiens. Aujourd'hui, il vit chez sa m�re. "Elle me g�te." Lors de la conf�rence de presse, il avait une barbe de plusieurs jours et le visage plein d'�corchures. Il ressemblait � un sac d'os. Maintenant, l'un de ses objectifs est de prendre du poids. Il a �galement pr�vu d'apprendre � utiliser le t�l�phone mobile, Internet, et de se familiariser avec toutes les innovations technologiques qu'il n'a pas pu voir appara�tre.

Les premiers jours, il avait peur d'�tre dans un r�ve. "J'ai surmont� cette peur, je suis pleinement conscient que je suis libre, que je vis dans le monde r�el", disait-il. Il a expliqu� qu'il voulait retirer quelque chose de positif de cette �preuve qu'il a v�cue "pour �tre quelqu'un de meilleur". Il assure aujourd'hui ne ressentir aucun vide autre qu'affectif, celui d'avoir perdu son �pouse, Monica. Il dit qu'il la comprend. "Une personne qui a souffert de la privation de sa libert� pendant six ans doit comprendre mieux que quiconque que la libert� est l'essence de l'�tre humain. Elle a pris sa d�cision librement et je dois la respecter." Il a parl� avec elle, au t�l�phone. Elle vit aujourd'hui � Bogota, avec un autre homme, et a un enfant. Jeunes mari�s, ils en voulaient aussi un.

L'enl�vement a eu lieu le 4 d�cembre 2000 - ce jour-l�, Monica avait 29 ans, et lui 45. Ils s'�taient mari�s � peine sept mois avant. C'�tait le deuxi�me mariage de Fernando Araujo, qui a quatre enfants, dont le plus jeune est �g� de 15 ans, de son premier mariage. Le jour de son enl�vement, il avait termin� son footing et rentrait chez lui. "Ils m'ont captur�, j'ai donn� des coups de pied, cri� en demandant de l'aide." Ils l'oblig�rent � monter dans une camionnette, le jet�rent au sol en lui braquant un pistolet sur la t�te et une mitraillette sur la poitrine et ils lui band�rent les yeux.

"Quelle est ma responsabilit� comme prisonnier ?", se demanda-t-il un jour. Il avait d�j� pass� un mois en captivit�. Il d�cida alors que son devoir �tait de prendre soin de lui pour revenir sain et sauf, d'entretenir sa bonne condition physique. "Je devais le faire pour supporter les marches qu'impliquaient les changements de campement et parce que j'ai toujours eu l'intention de m'�chapper." Lors de la seule derni�re ann�e de captivit�, il en a connu vingt-six diff�rents. Comme son espace vital �tait d'� peine de 3 m�tres sur 3, la distance n�cessaire pour accrocher le hamac o� il dormait - ses gardiens dormaient � ses c�t�s sur le sol -, il courait dans le m�me espace et faisait des pompes et des flexions de genoux. Il n'avait pas l'autorisation de se promener dans le campement. Il ne pouvait s'�loigner de son hamac que pour aller aux toilettes, un trou creus� un peu plus loin. Pour sa toilette, on lui apportait un seau d'eau. Les premiers temps furent les plus difficiles. Comme il avait tent� de s'�chapper le jour m�me de son enl�vement, il resta attach� pendant sept mois � un arbre avec une corde autour de la taille. "D�s le d�but, ils m'avertirent que leur comportement avec moi d�pendait du mien." Il disposait d'un peigne, d'une brosse � dents, de dentifrice et d'un rouleau de papier hygi�nique. "Je pensais demander la permission de tout garder et de montrer � mes enfants que l'important n'est pas d'avoir beaucoup, mais de se contenter de peu."

Il y a deux ans et demi, ils lui ont donn� pour la premi�re fois un petit miroir. "Ma t�te de s�questr� m'a impressionn� : j'�tais tr�s laid, barbu." Ses ge�liers ne lui donnaient pas de rasoir de peur qu'il ne se suicide. Il n'a pu manger avec un couteau et une fourchette qu'au cours des six derniers mois de sa captivit�. L'un de ses trucs pour survivre a �t� de faire durer au maximum chaque chose qu'il faisait. "Au lieu de me laver en dix minutes, cela me prenait une demi-heure." De m�me, il �tirait le temps des repas - avec tous les jours le m�me menu : riz, p�tes, haricots, lentilles.

Cela faisait deux ans et demi qu'il �tait prisonnier quand il commen�a � pressentir qu'il se passait quelque chose avec Monica. En Colombie, comme il y a beaucoup d'enl�vements, il existe des programmes de radio pour que les proches des s�questr�s puissent leur envoyer des messages. Le jour de son anniversaire, il n'a entendu aucun message de Monica dans les �missions. Il s'est dit que cela serait demain ou plus tard, mais les messages ne sont jamais arriv�s.

Six mois plus tard, un message de son p�re se terminait en disant : "Tes enfants, tes parents, tes fr�res, ta belle-famille, tes neveux et moi nous te souhaitons une heureuse ann�e." Il ne citait pas Monica. Son p�re la nommait toujours et lui racontait tout ce qu'elle essayait de faire pour obtenir sa lib�ration. Il commen�a alors � ressentir une douleur tr�s confuse. Il voulait que quelqu'un lui dise la v�rit� ; il voulait en finir avec l'incertitude. Il d�cida de parler avec le chef des gu�rilleros. "J'ai une affreuse angoisse, cela fait un an et demi que je n'ai aucune nouvelle de ma femme. Savez-vous quelque chose la concernant ?", lui demanda-t-il. "Nous ne savons rien, mais nous allons enqu�ter", r�pondit-il. Au bout de quelques jours, la r�ponse arriva : "Elle est partie." Ils ne dirent que cela.

Ils ne lui donn�rent sa premi�re radio que sept mois apr�s son enl�vement. Il capta le premier message de sa famille apr�s de nombreux efforts et en parcourant d'une extr�mit� � l'autre la bande, cinq mois apr�s avoir eu sa radio. La nuit, il �coutait la BBC de Londres et Radio Exterior, d'Espagne.


Un des moments les plus difficiles fut quand en octobre dernier le pr�sident Alvaro Uribe ferma la porte � un accord pour �changer des s�questr�s avec des gu�rilleros des FARC emprisonn�s. "Merde, je me suis dit, cette issue n'existe plus." Fernando Araujo se rendit compte que sa condition d'otage "�changeable" lui donnait certains avantages - il faisait partie du groupe de 59 prisonniers consid�r�s comme des politiques par les FARC, de m�me qu'Ingrid Betancourt. "Ils �taient plus attentifs avec cette cat�gorie de prisonniers ; ils avaient besoin que nous soyons en bonne condition." Ils faisaient des efforts pour diminuer les incommodit�s : les moustiques, les difficult�s du climat. Il lui donn�rent une tente pour se prot�ger de la pluie et des bestioles. Un jour, ils lui demand�rent ce qu'il voulait manger. "Des fruits", r�pondit-il. Ils lui apport�rent du raisin et une poire. "Il y avait un gu�rillero qui faisait du pain parsem� de grains de sucre et il m'envoya le plus d�licieux de tous."

Ils lui demand�rent de leur donner des cours d'anglais et il accepta en �change d'un cahier qu'il utilisa comme journal. Il discutait peu avec les gu�rilleros, dont le sujet favori �tait le football. Il leur parla aussi de sa douleur � la suite de l'abandon de Monica. "Ils disaient : "Quand tu sortiras, tu en trouveras une autre." Ils n'ont pas la capacit� de sympathiser avec la douleur du s�questr�, de comprendre le mal si profond qu'ils provoquent." Il lui est arriv� de passer des semaines sans parler. "Quand j'allais le faire, ma voix ne sortait plus. Ce que je n'ai jamais perdu, c'est la parole avec moi-m�me, le dialogue intime."

Le 31 d�cembre, � 10 heures du matin, il a entendu que des h�licopt�res s'approchaient. Il n'y a pas pr�t� sp�cialement attention et a continu� d'�couter un programme dans lequel l'historienne Diana Uribe parlait de Garcia Lorca... "Mais ils commenc�rent � tirer contre tout. L'attaque a cr�� l'occasion propice pour s'�chapper." Il s'est dit : "Ou je m'en vais ou ils me tuent." Il a profit� de la confusion de ses ge�liers, et, en rampant, a r�ussi � sortir du campement. Pendant cinq jours, il a tourn� en rond dans le m�me lieu, esquivant les bruits par peur de se trouver face aux gu�rilleros. "A un moment, j'ai pens� que je m'�tais jet� dans un pi�ge et que je ne sortirais jamais de l�." Il finit par rencontrer un paysan qui lui indiqua le chemin d'un hameau, duquel il parvint � rejoindre un d�tachement militaire.

Aujourd'hui, cet homme qui a �t� pendant un an le ministre du d�veloppement dans le gouvernement d'Andr�s Pastrana, � la fin des ann�es 1990, a une nouvelle peur : qu'ils essaient � nouveau de l'enlever, lui ou quelqu'un de sa famille. Mais il a confiance en Martin Caballero, le commandant des FARC, responsable de son enl�vement. "Dans la guerre qu'il livre, le concept de dignit� est clair. Je pense qu'il va respecter le fait que je me sois enfui. Il avait l'obligation de m'en emp�cher, mais moi je devais tenter de le faire."

Traduit de l'espagnol et adapt� par Alain Abellard.
� "El Pa�s"

Pilar Lozano
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Agn�s



Inscrit le: 04 D�c 2005
Messages: 223
Localisation: Paris

MessagePost� le: Lun Jan 29, 2007 10:34 pm    Sujet du message: R�pondre en citant

Merci Mana, c'est tr�s interressant comme article, on y apprend notament les conditions de d�tention des otages...
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