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Article paru dans Lib�ration

Le gouvernement de droite accus� d'�tre li� aux cartels de la drogue et aux milices paramilitaires.

par Michel TAILLE
QUOTIDIEN : jeudi 13 avril 2006

Bogot� de notre correspondant



La mafia noyaute l'Etat colombien. C'est ce qu'il ressort d'une s�rie de scandales qui associent le gouvernement du pr�sident de droite, Alvaro Uribe, aux cartels de la drogue et � leur bras arm�, les milices paramilitaires antigu�rilla. Le premier cas, d�nonc� d�but mars par un s�nateur proche du pouvoir, Javier C�ceres, est pass� presque inaper�u. Le parlementaire avait r�v�l�, gr�ce � un enregistrement, que l'Incoder, organisme charg� de redistribuer aux r�fugi�s les terres confisqu�es aux narcotrafiquants, les revendait en fait au plus offrant. Sur la cassette, le vice-directeur de l'organisme d�taillait les d�marches � suivre � un acheteur potentiel. Et expliquait la destination des fonds : le parti Colombia Viva, prot�g� des milices, � qui �Uribe a livr� l'Incoder�.

Hommes de paille. Les soup�ons de collusion existaient depuis plusieurs mois : dans la ville de Villavicencio, �les paramilitaires sont dans les bureaux m�mes de l'Incoder�, confiait en octobre un paysan, menac� de mort pour avoir tent� d'acc�der aux terres � redistribuer. Depuis, le quotidien El Tiempo a d�couvert qu'une partie des fermes attribu�es en grande pompe par le Pr�sident � des familles de r�fugi�s, dans le sud du pays, est en fait all�e � un chef des milices. Dans un d�partement voisin, c'est un fonds public de cr�dit agricole qui a accord� des pr�ts, via des hommes de paille, � un trafiquant incarc�r� pour blanchiment d'argent. La d�mission forc�e de certains fonctionnaires mis en cause, tous nomm�s par le gouvernement, n'a pas fait cesser les scandales.

Le plus retentissant occupe depuis deux semaines la une des magazines. L'ancien chef informaticien du D�partement administratif de s�curit� (DAS, service de renseignements), incarc�r� pour avoir effac� les dossiers de plusieurs mafieux, a commenc� � balancer. Selon ses confessions, le DAS, dirig� jusqu'en novembre par un proche d'Uribe, Jorge Noguera, �tait au service des milices. Noms � l'appui, il accuse l'ex-directeur d'avoir d�tourn� des fonds au profit des paramilitaires, de leur avoir adress� des listes de syndicalistes post�rieurement menac�s ou assassin�s, d'avoir inform� des narcotrafiquants des op�rations de police... L'informaticien lui-m�me aurait organis�, en coordination avec les milices, une fraude aux �lections g�n�rales de 2002. Si elle n'a sans doute pas chang� le r�sultat final � Uribe a �t� �lu confortablement �, la manoeuvre co�nciderait avec les scores staliniens obtenus dans plusieurs circonscriptions par les candidats des milices... dont Uribe.

Statistiques maquill�es. Le chef de l'Etat, qui d�nonce une machination, � cinquante jours de la pr�sidentielle, se d�fend en exhibant une s�rie de statistiques parfois maquill�es : son nombre record d'extraditions de trafiquants vers les Etats-Unis, la baisse des assassinats de syndicalistes... L'argument suffit jusqu'ici aux Colombiens, qui pourraient selon les sondages le r��lire d�s le premier tour.