Dolu |
Post� le: Mer D�c 21, 2005 11:24 pm Sujet du message: Yuri Buenaventura : chanson pour Ingrid et les s�questr�s |
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Salsa Dura
sortie oct. 2005 (Mercury / Universal)
Tout le monde se souvient de cette version pour le moins inattendue de Ne me quitte pas, qui circulait sur les ondes voici dix ans. Exil�e des brumes de Flandres, la c�l�bre complainte de Jacques Brel venait r�chauffer sa d�tresse au soleil d�une musique parmi les plus torrides au monde : la salsa. Pendant tout un �t�, la France enti�re prit plaisir � confirmer son go�t pour le tragique conjugal en �pousant une chor�graphie tropicale en pleine effusion sensuelle. Personne n�a pu oublier non plus l�interpr�te de cette bizarrerie. Son pr�nom lui vient du premier ange de l�espace. Et son nom, bien que d�emprunt, le pr�destinait aux heureuses aventures : Yuri Buenaventura.
Depuis, la fi�vre latine est un tantinet retomb�e. Le monde a moins la t�te � faire la f�te. Mais l�artiste, lui, a m�ri, comme nous le prouve son nouvel album, Salsa dura, dont le titre semble vouloir soumettre l�essence festive de cette musique au principe de r�alit� de notre �poque. Quand bien m�me la mode latino serait pass�e, il s�agit de son disque le plus r�ussi. Et du meilleur pr�texte pour revenir sur l��tonnant parcours qu�il lui aura fallu accomplir pour le r�aliser.
Cet album, Yuri l�a voulu comme le reflet d�une musique �chappant aux clich�s dont lui-m�me est aujourd�hui victime, d�une musique restaur�e dans la pl�nitude de ses attributs, ceux ravageurs de Siboney, avec sa guirlande en lamelles de cuivres tranchantes, ceux tragiques du tr�s beau Plazos Traicioneros.
Il lui accorde aussi le droit de traiter de politique avec Oro negro, r�f�rence � l�or noir d�Irak, et d�histoire avec Patrice Lumumba. 3046 � nombre de personnes kidnapp�es en Colombie � ne d�joue pas seulement les clich�s, elle nique aussi les statistiques. Ecrit pour Ingrid Betancourt, le texte est une lettre d�amour d�une telle sinc�rit� que la chanson humanise cette absence comme rarement. �Je ne voudrais pas que l�on ne retienne de la salsa que son c�t� festif et sensuel, en oubliant qu�il s�agit aussi d�une force lib�ratrice�, insiste le petit Colombien, si convaincu d��tre un usurpateur qu�il en est devenu prodige. Mais la f�te n�est-elle pas toujours l�expression d�une lib�ration ? [/i]
lesinrocks.com, d�c 2005 |
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